Sommaire de la page
- « Un an dans la forêt » de François Sureau
- Notre rencontre avec François Sureau
- Mes impressions sur le livre
- La forêt ardennaise
- Podcasts
- Référence de livres (non exhaustif)
- Séjourner à Brognon
« Un an dans la forêt » de François Sureau
J’ai pris connaissance de ce livre – publié le 3 novembre 2022 – en m’intéressant aux deux personnalités Blaise Cendrars et Élisabeth Prévost, un peu par hasard finalement. En 2021, j’avais (et j’ai toujours !) pour projet de mettre en avant les habitants de Brognon aussi bien ceux du « cru » qui connaissent bien le village et son vécu, que ceux qui ont emménagé plus récemment, apportant avec eux leur culture, leur passion et leur volonté de s’intégrer au village.
En publiant cette photo (ci-contre) en décembre 2021, qui au passage a eu un beau succès avec une certaine fierté de cette grande famille Mahoudeaux, je ne m’attendais pas à recevoir autant de commentaires et d’encouragements à continuer dans cette voie. Parmi justement les commentaires, une personne fait référence à Élisabeth Prévost et Blaise Cendrars – totalement inconnus pour moi à l’époque – et m’incite à mettre en avant cette histoire exceptionnelle qui a eu lieu dans notre petit village, Brognon, en sous-entendant que des lettres entre les 2 personnages subsisteraient encore on ne sait où !
Curieuse d’en savoir plus, j’interroge quelques habitants de longue date et on me conseille tout naturellement d’aller voir la doyenne du village, madame Jeanine Cochart, qui allait fêter ses 95 printemps : j’ai ainsi pu échanger en début d’année 2022 avec elle, elle connaissait bien celle qu’elle surnommait « Babeth », mais malheureusement, Jeanine commençait à avoir des soucis de santé, et cela n’a pas été en s’arrangeant : elle nous a quittés en septembre dernier, paix à son âme…
Alors une prise de conscience émerge : il faut que ces témoignages, ces récits, ces anecdotes, ces trésors, ces connaissances soient conservés par écrit avant que les anciens ne disparaissent. Ce n’est pas nouveau, et pourtant, tous ces savoirs, tels qu’ils soient, disparaissent comme neige au soleil. Un ouvrage avait d’ailleurs été publié à l’échelle locale, et il a le mérite d’exister : c’est celui de Jacques Hannotier qui a réalisé en 2005 « Si Brognon m’était conté », témoignages riches de l’histoire de Brognon et de celles et ceux qui ont connu l’époque moins glorieuse, celle de la guerre, où justement Jeanine Cochart et son mari Paul, ancien maire du village, témoignent.
Plus tard cette année là, début novembre, en évoquant à nouveau le sujet avec Florence Simon, habitante et conseillère adjointe de Brognon, celle-ci m’a fait part du Podcasts (contenu audio numérique – voir ci-bas) sur France Inter, présentant un livre « Un an dans la forêt », justement dédié à cette période où Élisabeth et Blaise ont vécu ensemble à Brognon ! Et pile poil le lendemain, le 4 novembre, j’étais sur la fréquence de France Culture dans ma voiture en allant chercher le pain, et justement François Sureau présentait à nouveau son ouvrage ! Une coïncidence un peu trop forte à mes yeux : le message était clair, il fallait s’intéresser à ce sujet et le développer ! J’étais autant fascinée par le côté aventurier d’Élisabeth , où je reconnaissais bien l’esprit ardennais, rebelle avec un fort caractère ! J’aimais aussi le côté mystérieux et plus discret de Blaise, qui a retrouvé d’ailleurs son inspiration dans le silence et l’immortalité de la forêt ardennaise. Quelques semaines après, je fais l’acquisition du livre par le biais de la médiathèque de Signy-Le-Petit.
Notre rencontre avec François Sureau
Avec le maire de notre village Brognon, monsieur Thierry Hubert, nous avons eu la chance et l’honneur de rencontrer en personne François Sureau lors de la présentation de son livre à la médiathèque Voyelles de Charleville-Mézières, samedi 16 décembre 2023.
Un moment unique où François Sureau évoque bien entendu l’histoire de son livre, celle toute particulière avec la rencontre entre Élisabeth Prévost et Blaise Cendrars, et son coup de cœur pour les Ardennes et sa forêt mystique.
Il est véritablement passionné par le parcours exceptionnel d’Élisabeth Prévost, si peu connu encore de nos jours, et nous incite à prolonger son destin en poursuivant les recherches sur sa vie.
Mes impressions sur le livre
Après une première lecture, j’avoue être restée sur ma faim : malgré le titre, le livre raconte en parallèle la vie des deux personnes, et seulement aux deux tiers du livre a lieu la rencontre, en y intégrant des faits qui ont lieu ailleurs que dans les Ardennes.
Les anecdotes relatées au Pavillon des Aiguillettes sont finalement peu détaillées, on en sait très peu, ou plutôt, je les connaissais déjà : les anecdotes « locales et croustillantes » ont déjà été narrées, notamment par le biais des Podcasts de François Sureau (voir extraits en bas de page) – au passage brillamment racontées par l’académicien -, et ponctuées de rares interviews d’Élisabeth Prévost et Blaise Cendrars. J’entame une seconde lecture plus approfondie pour prendre des notes et m’imprégner davantage du livre, et j’avoue y prendre plus de plaisir : entre les deux lectures, je réécoute les trois Podcasts (voir en bas de page) pour me remettre dans l’ambiance, et ça marche ! Les références littéraires citées dans l’ouvrage sont nombreuses, et n’en connaissant que très peu, elles ne m’ont pas forcément aidée à mieux comprendre le destin d’Élisabeth et Blaise. Là aussi il faut sans doute approfondir ces références pour mieux en connaître les subtilités et les liens je pense. « La culture c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale ! » Une expression qui aurait été taguée sur un mur en mai 1968 par Jean Delacour, et que l’on prête également à Pierre Desproges, mais je m’en souviens surtout car je l’ai retenue de mon professeur d’histoire / géographie au collège, monsieur Coquillard, que j’appréciais beaucoup. C’est sans doute l’occasion, et même une incitation à creuser davantage cette histoire, soit par les personnes qui les ont côtoyés de près ou de loin – elles sont de plus en plus rares -, soit par des archives consultables notamment sur Charleville-Mézières, si bien entendu elles existent.
La forêt ardennaise
Par contre, j’ai beaucoup aimé la façon dont la forêt ardennaise est décrite, autant par François Sureau que par Blaise Cendrars : « Cette forêt, on ne l’aborde pas à la dérobée, mais de face. C’est une immense ligne sombre couronnant une colline, fuyant vers l’horizon, et au pied de laquelle les villages en contrebas ressemblent à la terre que le navigateur perd de vue. » « La forêt silencieuse, dans son énigmatique immortalité, porte jusqu’à nous un persistant appel à se souvenir du présent, et dans ce souvenir même à imaginer, pour le futur, d’autres aventures. »
Pour François Sureau, « la forêt est l’endroit où l’on échappe à l’imposture du monde, où la relation avec le monde naturel se passe selon des échanges assez mystérieux, assez proches, immédiats, renouvelés de cent mètres en cent mètres au gré des espèces des arbres des animaux différents qu’on peut y voir, et donc pour moi, la forêt est vraiment la fabrique de la liberté intérieure » François Sureau à propos du pavillon des Aiguillettes, ancienne demeure d’Élisabeth Prévost : « J’imagine cette maison en lisière de forêt, les rêves qu’un enfant peut y faire. » « Dans les Ardennes pourtant il [Blaise Cendrars] restait immobile, pour la première fois heureux de l‘être, et cela aussi nous touche. Il allait avec Élisabeth chez les trappistes de Chimay, et le dimanche à la messe chantée où elle accompagnait l’office à l’harmonium. »
J’aime aussi cette citation de François Sureau, qui connaît bien la forêt des Ardennes pour y avoir été conscrit à la fin des années soixante-dix. « Vous connaissez le petit Poucet : je suis un adepte du petit Poucet, et je pense l’inverse en matière de contes. Je pense qu’en réalité, ce qu’il souhaite, c’est rentrer à l’intérieur de la forêt. Cette histoire de cailloux est une connerie“, dit-il. “J’ai toujours trouvé que la forêt était une sorte de refuge, j’y ai eu des expériences merveilleuses, une manière de trouver un sens du monde et du vivant tout à fait particulier et détaché des querelles arbitraires. Et je trouve frappant que Cendrars, qui a passé sa vie plutôt sur le rivage de la mer, ait retrouvé une sorte de foi humaine, et la force d’écrire, dans le silence et l’immobilité de la forêt ».
Il y a aussi les références à l’abbaye des trappistes de Chimay qu’Élisabeth et Blaise allaient visiter, l’expérience de contrebandier, notamment en matière de gris, comme l’appelait Cendrars pour définir le tabac de la Semois, incomparable selon lui. Il y aussi l’histoire amusante avec les pommes de terre qui servent de monnaie d’échange pour que Blaise puisse régler ses notes de bar à Paris ! Élisabeth chasse depuis toute jeune, et c’est aussi une activité très répandue dans la région, lui conférant une image de femme forte et rebelle, comme le sont la plupart des ardennaises ! J’aime aussi son côté solitaire et indépendant, qui est aussi un de mes traits de caractère, ce qui explique sans doute mon empathie pour elle, ça et ses nombreux voyages, même si les miens étaient effectués avec beaucoup plus de facilité qu’à son époque ! Je vous encourage vivement à lire cet ouvrage, qui, au delà de l’histoire profonde et unique entre Élisabeth et Blaise, est une invitation à se plonger dans la majestueuse forêt ardennaise.
Podcasts
Podcast du 2 juillet 2022 « “Un an dans la forêt”, l’histoire de Blaise Cendrars et Élisabeth Prévost par François Sureau » : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/breve-rencontre/breve-rencontre-du-samedi-02-juillet-2022-6937893
Podcast du 28 octobre 2022 « François Sureau : “La forêt est un refuge, un lieu où trouver un sens du monde particulier” » :https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-vendredi-28-octobre-2022-3611300
Podcast du 4 novembre 2022 « La liberté selon Blaise Cendrars » : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/la-liberte-selon-blaise-cendrars-6352520
Référence de livres (non exhaustif)
« Mademoiselle mon copain » de Monique Chefdor : journal d’Élisabeth Prévost avec des extraits de la correspondance avec Blaise Cendrars
Livres de Blaise cendrars
« L’homme foudroyé » : Diane de la Panne, personnage imaginaire faisant référence à Élisabeth Prévost. Ce livre a été écrit à son retour du Pavillon des Aiguillettes
« J’ai saigné » / « Bourlinguer » / « La main coupée » / « Moravagine »
« Les Pâques à New York » / « Prose du Transsibérien » : Poèmes de Blaise Cendrars
Livre d’Élisabeth Prévost
Séjourner à Brognon
Si vous souhaitez vous rendre sur ces lieux où ont vécu Élisabeth Prévost et Blaise Cendrars et passer une ou plusieurs nuit(s), des gîtes et chambres d’hôtes existent, notamment l’Igl’houx, hébergement insolite pour 2 personnes à quelques kilomètres du Domaine Saint Antoine.
Une randonnée, que j’ai appelée « Randonnée par la Chapelle Saint Antoine » est d’ailleurs proposée depuis l’Igl’houx et longe le Domaine Saint Antoine (reconstruit car celui où a vécu Élisabeth Prévost a été détruit pendant la guerre).
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